Roubaix

 

Roubaix est cité pour la première fois sur un document officiel sur une carte du IXe siècle. La cité faisait partie de la Flandre romane et appartenait alors au Diocèse de Tournai.

Roubaix passe du statut de simple bourgade à celui de ville sous le règne du Seigneur Pierre de Roubaix au XVe siècle. Elle ne fut cependant jamais close de remparts et son importance politique et administrative resta négligeable jusqu'à l'orée du XIXe siècle.

Le développement de la ville est lié tout d'abord à la personnalité des seigneurs de Roubaix au XVe siècle.

En 1414 Jean-Sans-Peur crée un échevinage. Les seigneurs de Roubaix, Jean puis son fils Pierre, font clore le bourg, qui s'était établi sur la rive nord du Trichon, de fossés et de haies. Non loin du château établi sur une motte entourée de douves et dépendance de celui-ci, se dresse la halle échevinale et un peu plus loin, l'église Saint-Martin dont l'origine remonte au XIVe siècle. En 1463 est érigée la Chapelle du Saint-Sépulcre. En 1488, Isabeau, fille de Pierre, pose la première pierre d'une importante fondation charitable : l'Hôpital Sainte-Elisabeth. Un siècle plus tard, un dessin de SANDERUS restitue l'aspect d'un gros bourg relativement isolé. Sa superficie est d'environ 1 000 hectares, sa population de 3 000 habitants.

 

En 1703, le greffier de Roubaix constate que « depuis deux ou trois ans et de jour en jour plus en plus les étrangers arrivent et s'établissent dans cette paroisse pour travailler à l'outil et autrement ».

En 1708, l'accession de Philippe de France au trône d'Espagne déclenche une longue guerre dont le théâtre est proche de Roubaix : la ville est mise à sac. En dépit de ces graves difficultés, l'essor est réel. La ville se développe en empiétant sur la campagne sans plan directeur. Elle est enfin reliée aux voies de communication Lille-Tourcoing et Tournai-Wervicq. En 1800, sa population atteint 8 000 habitants.

Le passé textile de Roubaix prend son origine en 1469 lorsque les habitants obtiennent de Charles le Téméraire l'autorisation de faire «licitement draps de toutes laines». Pendant trois siècles, d'incessantes querelles l'opposent à Lille la ville voisine qui, soucieuse de conserver le monopole de la fabrication d'étoffes de qualité, entend maintenir Roubaix dans la fabrication de draps grossiers.

Les ateliers textiles s'étaient beaucoup développés aux XVIIe et XVIIIe siècles. Éparpillés dans 23 hameaux formant une véritable ceinture autour du chef-lieu, ils travaillaient sous la direction des marchands fabricants roubaisiens, souvent anciens laboureurs. Les plus habiles d'entre eux créent par stratégie matrimoniale de véritables dynasties. La moitié de la population se consacre aux activités manufacturières.

En 1820, la machine à vapeur fait son apparition et, en 1843, les «self-acting mules», grâce à Louis MOTTE-BOSSUT. Dès lors, le développement des « grandes mécaniques » conduit à la concentration dans de grands ateliers.

Dans la première moitié du XIXe siècle, peu à peu les parcelles du centre-ville se densifient pour constituer des forts : quartiers de maisons basses disposées autour d'un espace central puis, après 1840, des courées ou alignements de maisons de part et d'autre d'un étroit passage. La croissance immobilière est le fait d'une multitude de petits investisseurs sur lesquels ne s'exerce aucun contrôle. Roubaix plie sous le poids de l'expansion industrielle et de la concentration démographique.

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'initiative communale s'affirme et modifie considérablement le paysage urbain. Le 3 octobre 1860, la municipalité prend un ensemble de mesures d'urbanisme qui seront autant de facteurs d'embellissement pour la ville et de salubrité pour les habitants.

Entre 1873 et 1896 la population s'accroît de 2 000 habitants chaque année.  A l'aube du XXe siècle, la ville atteint le chiffre de 124 000 habitants dont près de la moitié s'entasse dans 1300 courées. Les filatures et les tissages se construisent à la même cadence. En 1911, 267 usines dressent vers le ciel leurs hautes cheminées...

 

Jusqu'aux années 1960 entièrement vouée à l'industrie textile, la Ville, frappée de plein fouet par la crise, dut se reconvertir. Elle est devenue la capitale française de la vente par correspondance et de la grande distribution, activités dans lesquelles se retrouvent beaucoup de fortunes héritées du XIXe siècle. L'industrie et le commerce ne sont plus ses seules vocations, elle ose aujourd'hui parier sur la culture et le tourisme.

Elle s'attache à sauvegarder son patrimoine par la reconversion de friches industrielles en lieux culturels : l'usine MOTTE-BOSSUT abrite les Archives Nationales du Monde du Travail , l'ancienne piscine est reconvertie en Musée d'Art et d'Industrie, ...

 

 

Avec l'aide de l'Etat elle s'engage dans une politique de préservation et de valorisation du patrimoine. Une campagne de protection du patrimoine bâti a permis l'inscription à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques d'une vingtaine d'édifices à travers lesquels s'incarnent les particularités de l'architecture roubaisienne.